Splendeurs et misères de la vie associative

C’est arrivé près de chez moi. Chez moi, même. Peut-être, sans doute, aussi chez vous. Ça n’aurait rien d’étonnant. On pourrait croire à une banale affaire de Clochemerle, d’égo, de pré carré. C’est en fait une histoire profondément politique, aux conséquences certes modestes, mais tellement révélatrice de l’hypocrisie dans laquelle, à cause de notre inertie, pataugent nos élus.

En l’occurrence, c’est à Dreux que ça se passe, charmante province à une heure à l’ouest de Paris. La cité natale de Jean Rotrou, plus grand dramaturge baroque, a sa petite réputation, inutile d’en rajouter. Mais ce qui frappe quand on arrive dans cette ville populaire et multiculturelle grosse de quarante mille habitants, c’est la richesse de la vie associative. Ainsi, depuis quinze ans, une énergique association aide les jeunes des quartiers en difficultés scolaires : ICN (pour Initiatives Citoyennes Nouvelles). Des cours personnalisés sont proposés chaque semaine, par des bénévoles, et des stages pendant les vacances (dans les quartiers, les jeunes ne partent ni au ski ni à la mer, ni même à la campagne…). Mohamed Bougafer, le fondateur d’ICN, est une figure haute en couleurs. Ce prof de maths hyperactif, je l’ai rencontré il y a un an lors d’une soirée-débat sur la question de l’engagement social et politique des musulmans, organisée par l’association locale Alif.

L’homme est étonnant. Professeur charismatique, militant écologiste, on le retrouve un peu partout. Tête de liste départementale aux élections régionales pour EELV (ceci contribuant aussi, sans doute, à expliquer cela…), on le croise à l’AMAP ; il anime le SEL drouais (Système d’Echange Local) ; il a lancé, en parallèle d’ICN, l’association ViEns (pour Vivons Ensemble) qui fait du soutien scolaire en milieu rural. Les gamins des campagnes, ces grandes oubliées des politiques publiques, lui, le banlieusard, leur consacre aussi du temps et de l’énergie. Et pour aider les jeunes des cités drouaises à se sentir français, ICN organise chaque année un concours pour leur apprendre La Marseillaise. Et pas seulement le premier couplet qu’on chante avant les matchs…

Rien d’étonnant, par conséquent, de le retrouver début janvier 2015, juste après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher, entonnant l’hymne national pour manifester la solidarité du petit groupe de citoyens réunis face au terrorisme, devant le beffroi, le commissariat, puis la sous-préfecture. Il publie d’ailleurs en octobre un livre sur la radicalisation islamiste. On sait que plusieurs jeunes ont quitté Dreux pour combattre Assad en Syrie.

La suite ici.

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